Je te vois demain, David Bernard.
Extrait lu par l'auteur



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Le lendemain, décidément trop bon et trop con, je me rendais à la petite épicerie de l’entrée du camp, histoire de faire quelques courses pour le petit déjeuner. À huit heures et demie à peine, le magasin était déjà envahi de clients : les gens n’aiment pas changer leurs habitudes, même en vacances. À se demander pourquoi ils partent… Quelques visages déjà croisés au hasard de mes déplacements entre notre tente et le bloc sanitaire répondirent à mes sourires, certains même me demandèrent si j’avais bien dormi. J’en déduisis que j’aurais peut-être dû me passer un coup de peigne avant de monter…

Il ne restait que des pains aux raisins. Trois. Je les pris, résigné à bouffer des tartines ce matin, puisque de toute façon je n’aime pas les pains aux raisins… Juste avant de passer en caisse, mon attention fut attirée par un minuscule présentoir à fruits et légumes. Il y avait des abricots superbes, des piments doux aussi, et alors que je tendais la main pour en prendre quelques-uns, mon geste fut stoppé net par les phalanges rabougries du vieux qui me suivait dans la file.

- Juste des abricots ?
- Pardon ?
- Vous n’allez pas prendre de piments j’espère, me dit-il dans un sourire presque moqueur.
- Je ne comprends pas bien…
- Oh y a pas de honte vous savez, moi aussi j’en ai parfois… Et pour ce genre de choses les piments c’est pas bon du tout…

Il grimaça un instant tout en se donnant une claque sur le cul, sous l’œil à la fois intrigué et amusé des autres lève-tôt… Je sortis le plus vite possible, sans piments ni abricots.